A l’épreuve de la subjectivité
Il existe un écart entre le travail prescrit et le travail réel et c’est dans cet espace que se loge l’activité, afin d’essayer de le combler.
Il en va, ainsi, de la nécessité que les travailleurs ont d‘interpréter la prescription de la tâche. Le réel du travail se fait connaître par sa résistance à la maîtrise, à la connaissance et aux savoirs disponibles. Le travail réel est l’affrontement à la résistance de la chose, ainsi que le nomme Christophe Dejours. Par conséquent, le réel confronte le travailleur à l’échec en en faisant l’expérience, en tentant de le dépasser dans la recherche d’une trouvaille, d’une ingéniosité.
C’est une épreuve pour la subjectivité dont le travailleur peut sortir meurtri ou grandi ; et c’est une activité par laquelle il doit ajouter à la prescription, inventer par lui-même, faire preuve de créativité, pour que cela marche. Or cette créativité est au centre de la question identitaire. Nourrie par l’expérience personnelle, professionnelle, les compétences acquises, les savoirs appris, la capacité à se référer aux « règles de l’art » et sa propre personnalité, la créativité va soudainement apparaître dans le geste, dans la résolution de l’empêchement, de la résistance.
Cette résolution est indiscutablement liée à chacun. Et reconnaître la valeur de ce « nouveau geste », c’est reconnaître la contribution singulière de chacun aux règles de métier. Nous sommes là au coeur du travail comme source indiscutable de santé.
???? Se confronter à une résistance n’est pas un danger, tant que la capacité créative de chacun demeure possible et reconnue. Y être confronté sans possibilités de la dépasser est alors un constat d’échec de tout le système immunitaire de l’organisation au travail.
Tags: Théorie