L’interprétation ou la traduction collective des ordres aboutit à la coopération.
Donaggio, E., Rose, J., & Cairo, M. (2022). Travail e(s)t liberté ? Érès.
Comme vu précécemment, il fut distinguer coordination et coopération. Soyons honnêtes : vous n’avez pas envie de plus de coordination. « Mettre les intelligences individuelles au service d’une oeuvre commune, cela relève de la coordination. Elle consiste en une série d’ordres donnés généralement par un chef. Mais si les membres d’une équipe s’en tiennent [à la seule coordination], le procès de travail tombe inexorablement en panne. » Or c’est ce « procès de travail », c’est-à-dire la possibilité de critiquer la prescription du travail, qui crée la coopération et la rend performante. Performante, car critiquée (de façon constructive s’entend… c’est tout le noeud du problème) et améliorée.
👉 Ainsi pour faire coopération, il faut que l’interprétation du prescrit soit possible, collectivement. Ce qui nécessite par là même que cette interprétation collective, confrontation des singularités et institutionnalisation du conflit de critères, soit autorisée par l’organisation. C’est ici une partie importante du rôle de la régulation du travail par l’organisation, et donc par sa gouvernance.
Pour cela, souvent, les organisations investissent des sommes folles dans des team buildings ludiques et exotiques espèrant que renforcer la cohésion booste la coopération.
Mais… qu’est-ce que la cohésion d’équipe ?
La cohésion exige l’uniformité et donc l’érosion des singularités, alors que la coopération se définit comme la reconnaissance des contributions singulières à la poursuite d’une visée commune. Ce collectif coopératif, également invoqué « collectif de travail », est au coeur de la constitution et du développement d’une équipe qui dure.
Amado, G., & Fustier, P. (2019). Faire équipe. Érès.
En effet, créer une cohésion d’équipe forte va tendre à gommer les particularités, et les identités : c’est au-delà de l’appartenance à un projet. On trouve – notamment dans les start-ups par exemple – une cohésion très forte (des équipes jeunes, ayant les mêmes référentiels etc.) mais dont la solidarité peut devenir angoissante, épuisante et créer des risques psychosociaux alors que « l’ambiance est géniale ! » Oui. L’ambiance est géniale. Mais il n’y a pas d’espace pour parler du travail. On auto-alimente la pression « parce qu’on a une super cohésion d’équipe », on se partage les tâches « parce qu’on a une super cohésion d’équipe ». Et on s’épuise.
✌ La cohésion oui, mais pas sans un projet commun clair, partagé, motivant, qui donne du sens à la vie au travail.
Tags: Management