L’ergonomie et la clinique de l’activité nous l’ont montré : c’est le « travail empêché » et l’écart entre la prescription du travail et le réel de l’activité qui créent de la souffrance au travail. Le lien entre développement du pouvoir d’agir sur le travail et santé au travail n’est plus à démontrer, et nous savons comme il participe de la prévention primaire de celle-ci. Or actuellement, les démarches de prévention de la santé au travail sont davantage orientées vers la prévention secondaire et le développement des ressources psychosociales individuelles.
Une question primordiale, et une attente de transformation plus profonde, est donc la prise en compte des ressources collectives comme enjeu de santé au travail et de prévention de celle-ci. Enjeu d’ailleurs déjà inscrit au code du travail au titre des obligations de l’employeur en matière de prévention de la santé au travail mais dont les organisations ne se sont pas encore saisies (Article L4121-2, 2016). Il est ici attendu un développement de la maturité de l’organisation en matière de santé au travail, c’est-à-dire « sa prise de conscience du rôle que joue le travail dans la construction et la dégradation de la santé et qui soutient une approche vers un questionnement institutionnalisé des questions de santé au travail. »1
Afin de nourrir ce processus de maturation de l’organisation, l’intervention en clinique de l’activité joue un rôle central en tant qu’outil d’expérimentation pratique de ces ressources mais également de transmission « des connaissances [des cliniciens du travail] sur l’intelligence au travail au niveau individuel, et sur l’intelligence collective »2 et cela montre une évolution du rôle du psychologue du travail et de l’intervenant en clinique du travail plus généralement pour outiller l’organisation de façon pérenne.
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