Nous avons parlé, dans un article précédent, du genre professionnel. Alors, contrainte ou ressource, le genre professionnel ?
Il n’existe pas seul, il sollicite le style personnel. Il n’est pas seulement une contrainte que le travailleur devrait respecter, il est également une ressource à renouveler et une méthode qu’il lui faut ajuster. Il doit parfois se libérer du genre non pas en le rejetant mais en ajustant, en le modifiant, en s’en éloignant, en s’y confondant, tel que le ferait un artiste dans ses créations.
C’est ce style, propre à chaque individu, qui transforme le genre en façon d’agir dans les activités qu’il fait ; il donne l’allure.
Les styles sont une sorte de retravail des genres professionnels, dans des situations données. Les genres restent vivants grâce aux créations sans cesse renouvelées des styles ; pour rester vivants, ils doivent être maîtrisés et sans maîtrise du genre, il n’y a pas de style possible. Le style est ainsi une métamorphose du genre pendant l’action en cours et c’est la contribution stylistique de chacun qui alimente le genre, lequel vit dans le présent en ayant la mémoire du passé.
Mais le style n’est pas seulement ce qui permet au travailleur de se développer en s’affranchissant du genre social, il est également la distance que le travailleur met entre son action et son histoire personnelle lorsqu’il effectue des ajustements, s’en rapproche, s’en éloigne, et crée sa propre perspective. Il joue avec son expérience.
Le style est en quelque sorte la confrontation entre la conscience et l’expérience.
Au sein des organisations, travailler sur les genres professionnels en s’appuyant sur une analyse des styles de l’action permettrait de travailler au développement de l’action des collectifs professionnels. Ainsi, remettre du dialogue social permettrait de renforcer le pouvoir d’agir des individus. Bien souvent, les travailleurs se trouvent happés par la tâche, dans un court terme, qui empêche le dialogue social et au collectif de se créer, de s’organiser, faute de temps justement.La vie d’un collectif, sa vitalité, est mise en danger lorsqu’un certain nombre d’indicateurs est absent de l’entreprise. Ces critères peuvent être, notamment, le développement des compétences, l’accueil des nouveaux salariés, la construction d’un genre professionnel autorisant des styles individuels, la confiance mutuelle…
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