Le travail se définit comme une activité sociale au sein de laquelle l’individu doit trouver sa place. Pour Yves CLOT (1999) “la fonction psychologique du travail résiderait à la fois dans le patrimoine qu’il fixe et dans l’activité (conjointe et divisée) que réclament la conservation et le renversement de ce patrimoine. Sa fonction psychologique est une fonction vitale ; à la fois activité de conservation et de transmission, et activité d’invention et de renversement. Chacun se trouve par ses propres activités au sein de la division du travail à la fois sujet et objet de cette conservation et de cette invitation”. Le sujet doit considérer l’activité qu’il exécute en même temps que celle que les autres réalisent.
Ce cadre social, cet environnement, impliquent que les membres d’une même équipe coopèrent pour concourir à l’atteinte des objectifs organisationnels. Ainsi, comme le disent Christophe DEJOURS et Isabelle GERNET (2009), les travailleurs, dans la contribution collective, dépassent la contrainte du travail dans le but final de la réalisation de la production finale attendue, “le travail désigne l’activité coordonnée déployée par celles et ceux qui travaillent pour faire face à ce qui n’est pas prévu par l’organisation du travail. Travailler signifie être confronté à des prescriptions, des procédures, du matériel ou des outils à manipuler, des personnes à accueillir ou à soigner ; mais travailler suppose également de collaborer avec une hiérarchie et des collègues, qu’il va falloir apprendre à connaître et avec lesquels il faudra pouvoir interagir pour atteindre l’objectif de production d’un bien ou d’un service”.
Cette coordination implique interactions et relations dans l’objectif de la compréhension, du sens et des rapports sociaux entre les travailleurs et autrui, dans le cadre du travail. “Le travail est une activité coordonnée et utile” (Christophe DEJOURS, 2018). Le travail collectif est ainsi l’exécution d’une tâche qui se caractérise par la mise en œuvre de régulations collectives, il n’est pas la somme d’activités individuelles mais la réalisation conjointe d’une activité, dans des lieux communs ou différents, par plusieurs opérateurs différents. Il sous-entend une activité de coordination et de communication à l’aide de moyens techniques.
Christophe DEJOURS (2009) parle de “travail vivant” comme celui qui prend en charge ce qui résiste à la maîtrise de la technique, qui oblige les hommes à inventer, à mobiliser leur intelligence, à trouver des solutions qui ne préexistaient pas à cette œuvre. Le travail vivant, c’est ce que les travailleurs ajoutent à la prescription pour que ça fonctionne. Ce travail vivant se déploie dans le rapport individuel et subjectif au réel, il est impliqué aussi dans le travail commun, notamment dans l’élaboration des règles qui organisent la coopération. Guy LE BOTERF (2000/2015) rejoint Christophe DEJOURS lorsqu’il indique que le travailleur est contraint de s’adapter aux situations de travail qu’il rencontre. Le savoir-agir qui s’en dégage se façonne dans un processus élaboré face à la diversité des situations que chacun peut rencontrer, grâce aux expériences accumulées, partagées par le collectif de travail. Il parle davantage “d’être compétent” que de “compétence”.
Tags: Management